La critique littéraire a reconnu de nos jours que le moyen le plus sûr de saisir l’ensemble et l’esprit des productions d’un auteur, c’est d’en chercher le commentaire dans la vie de cet auteur lui-même. Si ce principe est incontestable relativement aux écrivains profanes, combien plus quand il s’agit d’hommes en qui jamais il n’y a aucun divorce entre la pensée et l’expérience la plus intime, d’hommes dans lesquels la vérité et la vie sont identifiées en un tout harmonique ! L’étude des épîtres de Paul devrait donc commencer par l’étude de sa vie, depuis le moment où nous le trouvons assistant au martyre d’Étienne (Actes 7), ou même depuis le temps de ses premiers développements dans le pharisaïsme, jusqu’au jour où, parvenu au terme de sa sainte carrière, il annonce à son disciple Timothée qu’il a achevé sa course (2 Timothée 4.7). Pour cela, les matériaux abonderaient dans le livre des Actes (chapitres 9 et 13 à 28) et dons les nombreuses communications que cet apôtre fait sur lui-même dans ses épîtres, avec tout l’abandon d’une âme qui déborde des plus ardentes affections. Cette étude dépasserait les bornes que nous devons nous tracer ici. Nous ne pouvons que jeter un regard sur l’époque qui vit s’accomplir la nouvelle naissance et la consécration à l’apostolat de cet homme de Dieu ; tout le reste découle de ce point de départ comme de sa source. Nous ajouterons à cette esquisse une sorte de tableau chronologique de son ministère, pour y marquer la place de chacune de ses épîtres, autant que cette place peut être déterminée.
Saul, (en hébreu Shaoul, le désiré, demandé par la prière), nommé plus tard Paulos, selon le goût hellénique (Actes 13.9), était né à Tarse, l’Athènes de la Cilicie, dans l’Asie Mineure, de parents juifs, de la tribu de Benjamin (Philippiens 3.5 ; 2 Corinthiens 11.22), qui possédaient le droit de citoyens romains (Actes 16.37 ; Actes 22.25 et suivants). C’est dans sa ville natale qu’il dut recevoir sa première éducation et participer à cette culture hellénique dont on trouve plus d’une trace dans ses écrits. Très jeune encore, il vînt à Jérusalem, pour y étudier sous le célèbre rabbi pharisien Gamaliel (Actes 5.34 ; Actes 22.3). Selon l’usage des Juifs, il apprit en même temps un métier, celui de faiseur de tentes (Actes 18.3), auquel il s’appliqua réellement dans la suite, afin de conserver à l’égard des Églises une noble indépendance (Actes 20.33-34 ; 1 Corinthiens 9.6, 12-15 ; 2 Corinthiens 11.7-9 ; 2 Thessaloniciens 3.7 et suivants). Les principes de la théologie pharisienne sont connus : ignorance ou négation des plus profonds besoins de l’âme humaine que nous révèle seul le sentiment du péché ; morale superficielle, observances tout extérieures de la loi, qui suffisaient à nourrir une orgueilleuse propre justice ; interprétation littérale, aride, souvent puérile des Écritures. C’est dans ce milieu que vivait le jeune Saul de Tarse, irréprochable dans sa vie morale, plein de zèle pour la loi qu’il étudiait (Philippiens 3.6), mais ne soupçonnant pas même la sainte et profonde spiritualité de cette loi (Romains 7.9) qui pénètre et juge jusqu’aux pensées et aux plus secrets mouvements du cœur.
Il était impossible, toutefois, que cette âme ardente et sincère se trouvât longtemps satisfaite d’une religion qui d’une part, n’atteignait pas la conscience, et de l’autre, ne lui donnait point de force pour lutter victorieusement contre la puissance du mal. Plus il mettait de droiture et d’énergie dans ses efforts pour s’élever vers l’idéal du bien qui lui apparaissait de loin, plus il souffrait du criant désaccord de notre nature morale qu’il a si admirablement décrit dans la suite (Romains 7). Être toujours vaincu dans le combat, se sentir esclave et n’apercevoir aucune délivrance, rien n’est plus propre à irriter l’orgueil et à remplir l’âme d’amertume.
Tout Jérusalem s’entretenait alors d’une secte déjà fort nombreuse de Galiléens qui se disait en possession de la vérité et du salut. Mais quoi ? Des ignorants qui ne s’enquéraient nullement des hommes de la science et de leurs systèmes ! des fanatiques qui renonçaient à la loi comme moyen de perfectionnement et de salut ! les adeptes d’un homme que le Sanhédrin avait condamné au supplice de la croix ! Saul dut les haïr. Il saisit avec avidité la première occasion d’assouvir sur eu l’irritation de son âme et d’alimenter son zèle pour Dieu et pour sa loi (Philippiens 3.6 ; Actes 9.1 et suivants ; Galates 1.14). Les premiers persécuteurs le trouvèrent dans leurs rangs ; le voilà associé aux meurtriers d’Étienne ; il garde leurs vêtements, les anime de sa présence, et telle sera la première mention de son nom dans le Nouveau Testament (Actes 7.58 ; Actes 8.1). Une fois entré dans cette voie, on ne s’y arrête pas ; le zèle devient fanatisme, le malaise intérieur augmente, il faut de nouvelles victimes : Saul ravageait l’Église, entrant dans toutes les maisons et traînant par force hommes et femmes, il les mettait en prison (Actes 8.3). La persécution à Jérusalem ne lui suffit plus. Muni de lettres qu’il a demandées lui-même au souverain sacrificateur, il est en chemin pour Damas, d’où il doit ramener liés les disciples du Nazaréen… L’heure de la souveraine grâce de Dieu avait sonné ; mais, même après sa conversion et durant toute sa vie, le souvenir d’avoir persécuté l’Église de Dieu pesa lourdement sur sa conscience (1 Corinthiens 15.8-9 ; 1 Timothée 1.12-13).
L’événement qui eut lieu alors sur le chemin de Damas (Actes 9) est un des plus importants de l’histoire de l’Église, pour cette Église elle-même, pour la vérité divine dont elle est dépositaire, pour le monde qui devait être sauvé par elle. Aussi ce fait merveilleux a-t-il exercé la sagacité et la spéculation des penseurs, les uns s’évertuant à l’expliquer par des causes naturelles, les autres ne voulant y voir qu’un phénomène intérieur, une sorte de vision dont l’âme de Saul fut seule le théâtre ; d’autres recherchant les causes psychologiques ou les prédispositions morales qui peuvent rendre compte d’un changement si étrange dans la vie d’un homme.
Ne serait-il pas plus rationnel, pour ne rien dire de plus, d’écouter attentivement le témoignage de cet homme lui-même, surtout quand cet homme s’appelle saint Paul ? Or, ce grand apôtre, placé en présence de ses Adversaires qui ne comprenaient rien à ce miracle de sa vie spirituelle, se contente de le raconter avec simplicité dans tous ses détails comme un fait accompli en présence de plusieurs témoins (Actes 22.6 et suivants) ; et quand il en parle à des croyants, il leur y fait voir une œuvre de la toute-puissance et de l’éternelle miséricorde de Dieu, le saisissant (Philippiens 3.12), lui, le premier des pécheurs, l’éclairant, l’humiliant, renouvelant tout son être (Galates 1.15-16 ; 1 Corinthiens 9.1 ; 1 Corinthiens 15.8 ; 1 Timothée 1.12-16). Sans doute la main de Dieu peut avoir mis en œuvre dans cette âme l’incurable malaise qui la rongeait sous la loi, l’exaltation même du persécuteur, peut-être de secrets remords provoqués par les souffrances de ses victimes, peut-être aussi la vue de leur foi, de leur douceur, peut-être enfin le souvenir d’Étienne priant pour ses meurtriers, tout autant d’aiguillons contre lesquels il était dur de regimber (Actes 9.5 ; comparez Actes 22.20). Mais ces causes, que sont-elles, sinon les moyens de cette grâce souveraine et gratuite, sans laquelle Saul serait resté dans ses ténèbres et son endurcissement ?
Quoi qu’il en soit, c’est ainsi que le pharisien orgueilleux, dominé par des préjugés étroits, aveugles et charnels, fut préparé à devenir cet apôtre si éclairé, si spirituel, si humble, si aimant. Après comme avant, c’était toujours la même âme ardente, mais elle avait passé par le baptême de feu, le centre de cette vie entière était déplacé. Paul aimait de toutes les puissances de son être ce que Saul avait haï, Paul méprisait ce dont Saul avait fait ses idoles (Philippiens 3.4-8). Les voies de Dieu pour la conversion des âmes sont infiniment diverses ; mais il est certain que les expériences personnelles de notre apôtre, éclairées par la révélation directe de la vérité divine, étaient merveilleusement propres à rendre lumineuses et vivantes en lui les grandes doctrines fondamentales de l’Évangile qu’il devait répandre dans le monde païen. Plus il avait été sincère et ardent dans ses efforts pour atteindre à la justice de la loi, plus le sentiment de son impuissance morale avait été humiliant (Romains 7.14), plus l’antagonisme de la conscience et de la chair était devenu douloureux et angoissant (Romains 7.24), plus aussi, après sa délivrance, la doctrine de la justification du pécheur devant Dieu par la foi seule dut lui apparaître comme le refuge assuré, mais unique, du salut. Qui ne comprendrait le soin qu’il met à exposer dans tout son jour cette glorieuse vérité, et l’inflexible fermeté avec laquelle il combat toute tendance qui pourrait l’obscurcir, l’affaiblir, en ramenant l’homme affranchi par la grâce sous le joug intolérable d’une servile légalité, et sur le terrain fangeux, de ses propres mérites ! Cette doctrine est l’idée mère de toutes ses épîtres, elle est la vie de ce grand apôtre. Mais, d’un autre côté, comme il savait, par son expérience, que c’est la loi, prise au sérieux, qui donne la connaissance du péché (Romains 3.20 ; 7.7), que cette loi, spirituelle, sainte, bonne (Romains 7.12-14), avait, comme expression de la sainteté de Dieu, exercé son salutaire ministère de condamnation et de mort dans son âme (Romains 7.9-10), il se garde bien de la déclarer abolie. Tout au contraire, son enseignement affermit la loi (Romains 3.31), parce qu’au lieu de la prendre au rabais comme les pharisiens, il la laisse subsister dans toute son inviolable sainteté, parce qu’il la montre parfaitement accomplie dans l’œuvre du Sauveur, parce qu’elle s’accomplit aussi dans le cœur et dans la vie du fidèle au moyen de l’amour que lui inspire sa délivrance (Romains 13.8-10), parce qu’enfin la loi qui justifie et qui sauve est un principe de force, de liberté et de vie, qui renouvelle l’homme pécheur tout entier. Paul ne connaît d’antinomisme d’aucune espèce, ni avant, ni après la conversion, mais un salut parfaitement gratuit, dont l’auteur est Jésus-Christ, dont le moyen subjectif et unique est la foi, dont le fruit est la sanctification complète de l’homme. Dieu avait choisi un pharisien, sauvé par pure grâce, pour établir dans son Église les vrais rapports de la loi et de l’Évangile.
C’est dire que cet apôtre trouvera également dans son expérience et dans la révélation divine les vrais rapports entre cette grâce souveraine de Dieu et la liberté morale de l’homme. Rempli du sentiment douloureux de son impuissance, de son aveuglement naturel, de son péché, arraché à la ruine comme un tison qu’on retire du feu, jamais Paul ne sera tenté d’attribuer à l’homme déchu une force qu’il n’a pas, ni même une volonté tendant vers Dieu et à laquelle il ne manquerait qu’un secours de plus pour parvenir au but de sa destination (Éphésiens 1.18) ; ce n’est pas d’un perfectionnement que l’homme naturel a besoin ; il doit renoncer à lui-même, mourir pour renaître à une vie nouvelle en Jésus-Christ (Romains 6.1-12 ; Éphésiens 4.22-24 ; Colossiens 3.9-10). Mais, d’un autre côté, jamais Paul, instruit par les rudes combats de sa conscience sous la loi, ne perdra de vue la responsabilité de l’homme, ni ce degré de liberté morale qui est la condition de sa responsabilité. S’il se perd, il est responsable de sa ruine ; appelé au salut, il est responsable des moyens de grâce qui lui sont offerts ; sauvé, il est responsable de l’emploi qu’il fait de sa vie nouvelle, ou plutôt il y trouvera un mobile assez fort pour glorifier Dieu dans tout son être (1 Corinthiens 6.20). Il n’y a plus dualisme, il y a pleine harmonie entre la grâce de Dieu et la liberté sanctifiée de l’homme. Qui jamais en fournit mieux la preuve que cet apôtre dans sa longue carrière de travaux, de renoncements, de souffrances, offrant mille fois sa vie à Celui qui l’avait racheté, pressé par la charité de Christ et par l’amour des âmes ! La vérité se présenta toujours à saint Paul comme une vie, et c’est pourquoi toutes les doctrines et tous les faits de l’Évangile se sont développés dans son âme et dans son enseignement comme un magnifique ensemble organique et vivant, dont toutes les parties se supposent et se complètent mutuellement. Il n’enseigne pas des vérités, mais la vérité, une comme la vie. C’est ainsi que Dieu l’a préparé à devenir l’apôtre des nations, c’est-à-dire, de l’humanité.
Cette vocation à l’apostolat fut annoncée à Paul dès sa conversion (Actes 9.15-16 ; 22.14-15), et, en effet, il rendit immédiatement témoignage à Celui qui venait de l’appeler à la lumière (Actes 9.20). Toutefois, cette vocation dut s’affermir en lui par degrés, dans le silence d’une retraite qu’il chercha en Arabie (Galates 1.17), et surtout par de nouvelles manifestations de Celui qui lui était apparu une première fois, et sur l’autorité souveraine duquel devait reposer son apostolat (Actes 22.17-21 ; Galates 1.1). Dès qu’il fut entré dans son ministère, et durant toute sa vie, Paul déploya, tant auprès de ses concitoyens juifs que parmi les païens, dans les circonstances les plus diverses, une force et une dextérité d’esprit, une clarté et une profondeur de pensée, une pureté et une fermeté de volonté, une intimité d’âme, un enthousiasme d’action, une sagesse de conduite, une sûreté de tact, une puissance et une liberté de foi, une chaleur et un art d’éloquence, un courage dans les dangers, un amour du Seigneur et des âmes, un renoncement à lui-même, une patience, une humilité, qui assurent à ce disciple de Jésus la vénération et l’admiration de tous les temps. (Meyer, Commentaire sur le Nouveau Testament, Tome V, page 6).
Une vue chronologique d’ensemble de cette vie si active fixera, autant qu’on peut la déterminer, la place de chacune des letttres de Paul (Par le manque de certaines données historiques, quelques parties de la vie de Paul restent, malgré toutes les recherches et toutes les combinaisons, entourées d’obscurités et d’incertitudes). Ne pouvant entrer ici dans la discussion des faits exposés, nous renvoyons aux ouvrages spéciaux, en particulier à celui de Néander Histoire de l’établissement et de la direction de l’Église chrétienne, traduit par M. Fontanès, à l’Introduction au Commentaire, sur l’épître aux Romains de M. Godet, et à l’Apôtre Paul par M. Sabatier.
Événement de la vie de Paul | Date |
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Nous prenons pour point de départ la conversion de l’apôtre, qu’on place ordinairement, ainsi que son séjour en Arabie (Galates 1.17), vers l’an de J-C | 36-37 |
De retour à Damas, il prêche quelque temps dans les synagogues, puis il est obligé de s’enfuir de cette ville (Actes 9.25 ; 2 Corinthiens 11.32-33 ; Galates 1.17-18). | 37-38 |
Premier voyage de Paul à Jérusalem (Galates 1.18 ; Actes 9.26) ; il reçoit la révélation du Seigneur rapportée par lui (Actes 22.17-21 ; de là il retourne en Syrie et à Tarse, où Barnabas le retrouve trois ans plus tard (Actes 9.30 ; Galates 1.21). | 39-42 |
Paul est amené à Antioche par Barnabas ; son séjour dans cette ville ; le nom de chrétiens donné aux disciples de Christ (Actes 11.25-26). | 42-43 |
Second voyage à Jérusalem ; Paul s’y rend avec Barnabas pour y porter une collecte, puis il revient à Antioche (Actes 11.27-30 ; 12.25). | 44 |
Premier voyage missionnaire parmi les païens ; parti d’Antioche, Paul annonce l’Évangile dans l’île de Chypre et dans plusieurs provinces de l’Asie Mineure ; retour et séjour à Antioche (Actes 13.2 à 14.28). | 45-50 |
Troisième voyage à Jérusalem (Galates 2.1 et suivants) ; Paul s’y rend d’Antioche avec Barnabas et Tite à l’occasion des différends survenus entre les Juifs et les païens convertis ; concile de Jérusalem ; Paul et ses compagnons de voyage en rapportent la décision à Antioche, où il séjourne quelque temps, prêchant l’Évangile (Actes 15.1-35). | 50-51 |
Second voyage missionnaire. Paul, accompagné par Silas, annonce l’Évangile en diverses provinces de l’Asie Mineure ; appelé en Europe par une vision, il s’arrête à Philippes de Macédoine, à Thessalonique, à Bérée, à Athènes, il arrive à Corinthe, où Aquilas et Priscille deviennent ses compagnons d’œuvre (Actes 15.40 à 18.13). | 51-52 |
Séjour à Corinthe durant dix-huit mois. C’est de là qu’au milieu de sa grande activité, Paul écrivit à l’Église de Thessalonique, qu’il venait de fonder, sa première et sa seconde épître (Voir l’introduction à ces épîtres et Actes 18.1-17). De Corinthe, l’apôtre fait par Éphèse et Césarée un quatrième voyage à Jérusalem, d’où il retourne à Antioche (Actes 18.18-22). | 52-54 |
Après un séjour de quelque temps à Antioche (Actes 18.23), où eurent lieu entre Paul et Pierre les relations auxquelles le premier fait allusion dans l’épître aux Galates (2.11-14), Paul partit pour un troisième voyage missionnaire, qui le conduisit, par la Galatie par la Phrygie, à Éphèse (Actes 18.23 ; Actes 19.1), où il exerça son apostolat pendant trois ans (Actes 20.31). C’est d’Éphèse qu’il écrivit l’épître aux Galates et la première épître aux Corinthiens. Voir (les Introductions). Après l’émeute suscitée à Éphèse par Démétrius (Actes 19.23-40), Paul passe en Macédoine (Actes 20.1), d’où il écrit la seconde épître aux Corinthiens ; puis, continuant son voyage vers le sud, il vient en Grèce, y séjourne trois mois (Actes 20.3), et écrit de Corinthe l’épître aux Romains. | 54-58 |
De Corinthe, il fait par la Macédoine, l’Asie Mineure (discours aux pasteurs d’Éphèse), la Syrie, son cinquième et dernier voyage à Jérusalem (Actes 20.3 ; Actes 21.17). Son séjour dans cette ville ; dangers qu’il court de la part des Juifs ; il est mis en prison (Actes 21.18 ; Actes 23.30). | 58 |
Paul est conduit prisonnier à Césarée et livré au gouverneur Félix (Actes 23.31-35). Accusé par les Juifs, il se justifie devant Félix, qui le retient deux ans en prison et le laisse à son successeur Porcius Festus (Actes 24). Discours de Paul devant Festus (Actes 25) et devant Hérocle Agrippa II (Actes 20). | 58-60 |
Le dernier voyage de l’apôtre que rapporte le livre des Actes est sa périlleuse navigation de Césarée jusqu’en Italie, qui dura de l’automne de l’an 60 au printemps de l’an 61. Sa cause devant être portée devant l’empereur, il fut conduit à Rome, où, bien que prisonnier, il avait assez de liberté pour pouvoir, durant les deux années de sa captivité, se livrer aux travaux de son apostolat. C’est de là qu’il écrivit les épîtres aux Colossiens, aux Éphésiens, à Philémon et aux Pbilippiens (Actes 27-28). Selon d’autres, les trois premières de ces épîtres auraient été écrites pendant la captivité de Paul à Césarée (Voir les Introductions). | 61-63 |
Le livre des Actes s’arrête brusquement ici, laissant l’apôtre dans sa captivité. Dès ce moment, nous n’avons plus sur lui que des données contestables tirées des Pères de l’Église. Aussi les théologiens modernes se divisent-ils entre deux ; opinions : les uns admettent sans preuves que Paul fut mis à mort à l’issue de la captivité racontée par Luc ; les autres (Néander, par exemple), suivant la tradition, pensent que l’apôtre fut mis en liberté, fit encore divers voyages, écrivit les épîtres pastorales (voir l’Introduction de ces épîtres), puis subit un second emprisonnement à la suite duquel il souffrit le martyre. Si cette seconde opinion est fondée, voici quels seraient, selon toute probabilité, les derniers événements de la vie de Paul. Le 18 juillet 64 eut lieu le grand incendie de Rome, qui servit à Néron de prétexte pour exercer de cruelles persécutions contre les chrétiens. Si Paul avait encore été à Rome, il n’eût certainement pas été épargné. On peut donc placer sa délivrance vers la fin de l’an 63 ou au commencement de 64. | 63-64 |
Remis en liberté, l’apôtre se rend dans l’Asie Mineure, laisse Timothée à Éphèse (1 Timothée 1.3) et passe en Macédoine où il écrit la première épître à Timothée (Voir l’Introduction). | 65 |
Paul visite ensuite l’île de Crète, y fonde ou y affermit des Églises, dont il remet la direction à son disciple Tite, comme on le voit par l’épître à Tite (1.5), écrite bientôt après. | 65 |
Il est probable que l’apôtre passa un hiver à Nicopolis (Tite 3.12) ; il exécuta peut-être son projet d’un voyage en Espagne (Romains 15.24-28), ou en fut empêché par une seconde captivité à Rome. | 66 |
C’est de là qu’il écrivit sa seconde épître à Timothée (2 Timothée 1.16-17 ; 4.16-17) C’est là aussi qu’il scella de son sang son apostolique témoignage, probablement vers la fin du règne de Néron. | 67 |
D’après ces données, voici l’ordre dans lequel devraient être placées les treize épîtres de cet apôtre :