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Premier fils de Jacob et de Léa (Genèse 35.23 ; Genèse 46.8). Son nom hébreu (reoû bén), qui semble signifier : « Voyez un fils », est rattaché à deux mots tout différents (rââh beonyi = a vu mon affliction) dans l’interprétation populaire de Genèse 29.32 (J), inspirée par le malheur que ressentait une mère sans enfant, surtout sous le régime de la polygamie. L’étymologie du nom de Ruben (transcrit Roubil en syriaque, Roubêlos dans Josèphe) est toujours très discutée et demeure obscure.
Quoique descendant du fils aîné de Jacob, la tribu de Ruben ne joua qu’un rôle fort effacé en Israël. La Bénédiction de Jacob attribue la perte de sa prééminence à une faute impardonnable même pour les mœurs grossières du temps (Genèse 49.3 ; Genèse 49.35.22). Le texte sacerdotal du Chroniste confirme pour le même motif la dépossession de son droit d’aînesse, qui est transféré à Joseph, fils d’Israël (1 Chroniques 5.1 et suivant). Mais la Bénédiction de Moïse passe sous silence ce souvenir, et se borne à ce vœu au sujet de Ruben : « Que Ruben vive, qu’il ne meure point, quand même ses hommes sont réduits à un petit nombre ! » (Deutéronome 33.6). Ceci porterait à croire qu’à l’époque de cet oracle (milieu du VIIIe siècle) sa tribu était menacée d’extinction ; on suppose qu’elle subit de lourdes défaites lors de la conquête de Canaan et qu’elle était fort réduite lorsqu’elle reçut en partage un territoire isolé du reste du pays, au delà du Jourdain et de la mer Morte (Josué 22.9 ; Nombres 32.29 ; Nombres 32.37), contrée plus favorable à l’élevage des bestiaux (cf. Josué 13.15 et suivants). Les chiffres de recensements, fortement sujets à caution, dans les passages sacerdotaux, attribuent à Ruben une population représentant au désert environ les 7 pour cent d’Israël non compris Lévi, puis à l’arrivée en Canaan les 6,5 pour cent seulement (cf. Nombres 1.21 ; Nombres 2.11 ; Nombres 26.7). L’installation du clan de l’autre côté du Jourdain est subordonnée à la clause de l’assistance mutuelle (Nombres 32.16-27).
Il est à remarquer que des deux sources J et E combinées dans le récit de la vente de Joseph par ses frères, c’est Ruben qui dans E a le beau rôle (Genèse 37.21-23 ; Genèse 37.29 ; Genèse 42.22), alors que dans J c’est Juda (Genèse 37.26, cf. Genèse 43.8 ; Genèse 44.14 ; Genèse 44.18).
À l’époque critique où Débora sauva les Israélites, le rôle de la tribu de Ruben ne fut pas très glorieux ; le cantique de Débora lui réserve des traits mordants : « Grandes furent les résolutions du cœur ! Pourquoi es-tu resté au milieu de tes étables à écouter le bêlement des troupeaux ? » (Juges 5.16).
La tribu de Ruben, mentionnée dans diverses listes officielles (1 Chroniques 5.1 ; 1 Chroniques 5.10 ; 1 Chroniques 27.16), fut absorbée plus tard sous le régime syrien pendant l’hégémonie d’Hazaël (2 Rois 10.32 et suivant) ; son nom reparaît dans une énumération des tribus déportées par Tiglath-Piléser en 734 (1 Chroniques 5.26). Au retour de l’exil il n’est plus trace de Ruben, pas plus que de la tribu voisine, celle de Gad. Mais elle est encore citée dans une vision d’Ézéchiel (Ézéchiel 48.6 et suivant) et dans l’Apocalypse (Apocalypse 7.5). Voir Tribus d’Israël. P. W.