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Le Croissant des civilisations primitives Voir Atlas 12
(voir Asianiques). La science archéologique a ignoré jusqu’au milieu du siècle dernier l’importance de la civilisation héthienne ou hittite, qui fut cependant prépondérante en Asie Mineure et en Syrie depuis les derniers siècles du troisième millénaire jusque vers l’an 1000 avant Jésus-Christ. Seule la Bible en fait mention, montrant par là la haute antiquité de certains de ses documents et la sûreté de ses informations. C’est elle qui nous a appris que les Hittites habitaient la Palestine au temps d’Abraham (Genèse 23.3 ; Genèse 49.29).
Lorsque Moïse envoie des espions en Canaan, ceux-ci trouvent les Hittites installés dans ses montagnes (Nombres 13.29, cf. Exode 3.8 ; Exode 3.17 ; Exode 13.5 ; Exode 23.23 ; Exode 33.2 ; Exode 34.11 ; Deutéronome 7.1 ; Deutéronome 20.17 ; Josué 3.10 ; Josué 9.1 ; Josué 11.3 ; Josué 12.8 ; Josué 24.11). Dans Josué 1.4, Jéhovah dit à Josué qu’il lui donne « tout le pays des Hittites et jusqu’à la grande mer vers le soleil couchant ».
La part importante des Hittites dans la fondation des villes palestiniennes, voire de Jérusalem, est restée vivante dans le souvenir du peuple élu. C’est à ce souvenir qu’Ézéchiel fait allusion quand il dit dans ses malédictions contre Jérusalem : « ta mère était une Héthienne » (Ézéchiel 16.3). Dès l’origine du séjour des Hébreux sur terre cananéenne, Ésaü avait épousé des femmes hittites, Judithet Basmath (Genèse 26.34). Au temps des Juges, les femmes hittites continuent à devenir des épouses en Israël (Juges 3.5).
Fidèles à la vérité historique quand ils nous présentent l’influence des Hittites dans le passé, les textes bibliques, parlant des événements contemporains, nous tracent également un tableau correspondant à la réalité lorsqu’ils nous montrent qu’au début de la royauté israélite les Hittites avaient perdu leur puissance en Palestine. Ceux qui sont restés dans ces régions après l’établissement d’Israël, font figure de vassaux.
Le jeune David, au temps de ses infortunes, avait parmi eux des amis (1 Samuel 26.6). Le mari de Bath-Séba, Urie, l’officier fidèle de David devenu roi, était un Hittite (2 Samuel 11.3). Salomon choisit parmi eux des femmes pour son harem (1 Rois 11.1) et des hommes de corvée pour ses constructions (1 Rois 9.21). Mais les Hittites, qui s’étaient retirés au nord de la Syrie (cf. Juges 1.26) et vers l’Asie Mineure, leur pays d’origine, avaient encore des rois qui menaient trafic avec l’Égypte (1 Rois 10.28 et suivant, cf. 2 Chroniques 1.17) et possédaient des armées redoutables. Au temps d’Élisée, la peur subite que le roi d’Israël ait soudoyé les rois hittites pour marcher contre eux, suffit aux Syriens pour les mettre en panique et leur faire abandonner leur camp avec tout son matériel de guerre (2 Rois 7.8 et suivant). Ésaïe 10.9 et 2 Chroniques 35.20 mentionnent Carkémis, capitale hittite, l’une des forteresses que les Hittites avaient construites au bord de l’Euphrate à l’entrée des gués qui conduisaient de la rive syrienne à la rive mésopotamienne. Ce sont les Hittites, en effet, maîtres de l’antique route, la route royale dont parle plus tard Hérodote, établissant par terre le trafic entre l’Europe et l’Asie, qui arrêtèrent la poussée des Sémites vers l’Occident, et leur interdirent l’accès à l’Europe, où ils ne devaient entrer en conquérants qu’avec les invasions musulmanes. On peut voir, par l’ensemble de ces textes bibliques et par les découvertes archéologiques qui les confirment, combien se sont trompés ceux qui pensaient autrefois que les Héthiens n’étaient qu’une tribu cananéenne et même que le nom de Héthiens servait à désigner l’ensemble des peuplades de Canaan. On sait aujourd’hui que les Hittites ont formé un grand empire dont l’action civilisatrice a succédé à celle des Sumériens, et a constitué un « facteur essentiel » (Contenau) dans l’histoire politique et le développement de l’Asie Antérieure ; qu’ils purent tenir en échec les armées de Babylone comme celles des Pharaons, et qu’ils jouèrent à leur manière un rôle providentiel dans l’histoire des débuts du peuple hébreu, car s’ils n’avaient pas refoulé les Sémites vers l’Égypte, ce qui provoqua sur les bords du Nil l’invasion des Hyksos, il est probable que jamais les tribus d’Israël n’auraient pu s’établir dans le pays de Gosen (voir Égypte).
Alexandre Westphal