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Pleurer
Dictionnaire encyclopédique de la Bible de Augustin Calmet

Les anciens Hébreux pleuraient et faisaient éclater leurs douleurs dans le deuil et dans l’affliction. Ils ne faisaient pas consister le courage et la grandeur d’âme à paraître insensibles dans l’adversité, et à retenir ses larmes. Ils se livraient aux mouvements de la nature, et n’avaient pas honte (le témoigner leur douleur par les larmes. Cela paraît dans toute l’Écriture. Les héros dans Homère en usent de même. On regardait même comme un grand malheur de n’être pas plaint dans ses funérailles. L’impie sera enterré sans que ses veuves le pleurent, dit Job (Job 27.15). Et le Psalmiste (Psaumes 77.64), parlant de la mort des prêtres Ophni et Phinéès, relève comme un grand malheur que leurs veuves ne les pleurèrent point. Dieu défend à Ézéchiel de pleurer et de faire le deuil de son épouse (Ézéchiel 24.16), pour marquer que les Juifs seront réduits à de si grands maux, qu’ils n’auront pas même la liberté de se plaindre et de pleurer.

Pleureurs, pleureuses. Les anciens Hébreux avaient des pleureurs et des pleureuses à gages dans les funérailles. Voyez ce que dit le Seigneur dans Jérémie (Jérémie 9.17-18) : Allez chercher des pleureuses, et qu’elles viennent. Envoyez quérir des femmes qui savent faire des lamentations, et qu’elles se hâtent ; qu’elles commencent leurs lamentations sur le malheur de Sion. Et Amos (Amos 5.16) : On ne verra que deuil dans toutes les places, et partout on n’entendra que malheur ; et hélas ! ils appelleront les pleureurs pour pleurer, et ceux qui savent faire les lamentations pour le deuil. Tous les pleureurs et les pleureuses d’Israël chantaient autrefois les lamentations que Jérémie avait composées sur la mort du pieux roi Josias (Jérémie 35.25). Les docteurs juifs enseignent que dans les funérailles d’une mère de famille le mari doit avoir au moins deux joueurs d’instruments, outre la pleureuse à gage.

Il paraît par l’Évangile (Luc 7.32) que quand on rencontrait une pompe funèbre, on devait mêler ses pleurs et ses chants lugubres à ceux qui pleuraient. Nous avons joué de la gaie, et vous n’avez point dansé ; nous avons pleuré, et vous n’avez point pris de part à nos lamentations. Jésus, fils de Sirach, insinue que le convoi du mort et les pleureurs faisaient le tour de la place (Ecclésiaste 12.5) : L’homme ira dans la maison de son éternité (dans le tombeau), et les pleureurs feront le tour de la place. Et le prophète Zacharie, décrivant un deuil célèbre, dit que les familles iront séparément par bandes faire leurs lamentations, les hommes d’un côté et les femmes de l’antre. Les prophètes ont accoutumé, après avoir annoncé les maineurs d’un pays et d’une nation, de composer un cantique lugubre, comme pour être chanté par les pleureurs et les pleureuses au jour de l’événement. Voyez (Jérémie 9.10, Jérémie 9.18, Jérémie 9.20, Ézéchiel 26.17 ; Ézéchiel 27.1 ; Ézéchiel 32.2), etc.

La vallée des pleurs, vallis lacrymarum, dont il est parlé au psaume (Psaumes 83.7), signifie dans le sens moral ce monde, qui n’offre aux gens de bien que des sujets de pleurs et de larmes, par les désordres qui y règnent, par les dangers continuels auxquels ou y est exposé, par l’absence des biens éternels que l’on y doit désirer. Mais dans le sens littéral cette vallée des pleurs, ou, suivant l’Hébreu, la vallée de Hocha, ou de Bochim, était assez près de Jérusalem et renommée par sa stérilité et sa sécheresse. Le Psalmiste dit donc : Heureux celui qui met sa force et sa confiance en vous, Seigneur, quand il passerait de Hocha ou des pleurs, Dieu lui ferait sourdre une fontaine pour le rafraîchir.

Le lieu des pleurs, locus flentium, dont il est parlé dans le livre des Juges (Juges 2.5). C’est le même dont nous venons de parler sous le nom de vallis lacrymarum, et dont il est encore fait mention au second livre de Sam (2 Samuel 5.23), sous le nom de lieu des poiriers, ou, selon l’Hébreu, des mûriers.

Le pain les pleurs ou des Larmes. Cibabis nos pane lacrymarum (Psaumes 79.6) : Et mes pleurs m’ont servi de nourriture nuit et jour (Psaumes 41.4) : Fuerunt mihi lacrymoe panes die ac nocte ; ces expressions marquent admirablement la disposition d’une âme plongée dans la douleur, lui, sensible aux outrages qu’on fait à son Dieu, se nourrit en quelque manière de ses larmes, et y trouve une sorte de consolation.

Le prophète Isaïe, parlant du malheur de Moab, dit (Isaïe 16.9) : Je vous arroserai de mes larmes, à Esébon et Eléalé ! L’Hébreu à la lettre : Il vous enivrera de mes larmes. Je vous prédis que vous serez enivrée de larmes. Mes larmes sont les larmes que je vous prédis. Je vous enivrerai ; c’est-à-dire, je vous annonce que vous serez enivrée. Je pense que le prophète fait ici un jeu de mots, et qu’au lieu de Medaba, ville de Moab, voisine d’Esébon et d’Eléalé, il a mis exprès Dimeath, qui signifie des larmes, et qui a quelque rapport à Médaba. Je vais enivrer Dimeath, ville de larmes, et comme aussi Esébon et Eléalé.

Malachie (Malachie 2.13) reproche aux Juifs d’avoir couvert l’autel du Seigneur de larmes : Vous êtes cause que mon autel est baigné des larmes de vos épouses que vous avez répudiées sans aucun juste sujet ; vous l’avez en quelque sorte couvert de larmes, et fait retentir de pleurs et de cris perçants. C’est pourquoi le Seigneur ne regardera plus vos sacrifices, parce qu’il a été témoin de l’union que vous avez contractée avec vos épouses, et qu’après cela vous l’avez méprisé.

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