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Ce terme ne se trouve pas dans le texte de l’Ancien Testament. Mais comme Bochart (a) et quelques antres avant lui ont prétendu que l’hébreu behemoth, qui signifie des animaux en général, marquait en particulier l’hippopotame dans le texte de Job (Jov 40.10) et suivants, nous en donnerons ici la description. Le nom d’hippopotame, selon la force du grec, signifie un cheval de fleuve. Il se trouve principalement dans le Nil, dans l’Indus, et dans d’autres grandes rivières. On dit qu’il a le pied fourché comme un bœuf ; le dos, les crins et la queue comme le cheval ; il hennit comme lui. Il a les dents de sanglier, mais moins tranchantes : le cuir de son dos résiste à toutes sortes d’armes, quand il n’est point mouillé.
Thévenot, qui en avait vu un, le décrit de cette sorte. Il est de couleur quasi tannée ; le derrière ressemble fort à celui du buffle, mais ses jambes sont plus courtes et plus grosses. Il est de la grandeur du chameau, et son mufle est semblable à celui du bœuf. Il a le çorps deux fois gros comme un bœuf, la tête pareille à celle d’un cheval, les yeux petits, l’oreille petite, les nazeaux fort gros, point d’encolure, les pieds très-gros et presque ronds, avec quatre doigts chacun, comme ceux du crocodile ; la queue petite comme celle de l’éléphant, la peau rase et presque sans poil. À la mâchoire d’en bas il a quatre grosses dents, longues d’un demi-pied, dont deux étaient crochues, et grosses comme des cornes de bœuf. Il y en avait une à chaque coté de la gueule, les deux autres droites s’avançaient en long en dehors. Il avait été tué à coups de mousquet par des janissaires, le trouvèrent en terre où il venait paître. Ils lui tirèrent plusieurs coups sans lui percer toute la peau ; mais enfin un coup qu’on lui donna dans la mâchoire le renversa.
Cet auteur avoue que plusieurs prenaient cet animal pour un buffle marin ; mais il reconnut avec quelques autres que c’était un cheval marin. Je doute encore que ce soit là le vrai hippopotame. Quoi qu’il en soit, nous avons expliqué l’hébreu behemoth de l’éléphant. On peut voir ce que nous en avons dit sous son titre. Il y en a qui croient que l’espèce des hippopotames est éteinte dans le Nil.
Aujourd’hui le sentiment général, et peut-être universel, est que le béhémoth est, non pas l’éléphant, mais l’hippopotame. Voyez mon addition au mot Béhémoth.
« l’hippopotame est le cheval de rivière des anciens.…Cet antique patriarche des fleuves africains fut autrefois révéré comme une divinité tutélaire par les Égyptiens ; on gravait sa figure sur les obélisques de ce peuple fameux et sur les médailles des empereurs romains. Autrefois on en rencontrait dans le Nil, et on en tua encore deux près de Damiette l’an 1600. Mais ils paraissent avoir abandonné ce fleuve aujourd’hui, parce que les explosions fréquentes des armes à feu les ont épouvantés. Ils sont allés demeurer dans les parties désertes de la haute Égypte que parcourt le Nil, dans l’Éthiopie, dans les fleuves de l’Afrique…
L’hippopotame est un quadrupède vivipare, aquatique…
La forme de l’hippopotame est très massive, ramassée, trapue et peu élevée de terre, parce que les jambes sont fort courtes. La tête est carrée, le mufle très-gros, la gueule large, les dents longues et robustes, les yeux petits, et les oreilles basses. On compte depuis vingt-quatre jusqu’à trente-six dents à cet animal… Quelque grandes qu’elles soient, eles ne débordent jamais hors de la gueule, et sont toujours recouvertes en entier par les lèvres, qui sont grosses, longues et épaisses. Ces dents sont extrêmement dures ; elles font même feu avec le briquet. C’est une sorte d’ivoire qui ne jaunit jamais.
Il paraît que l’hippopotame a, de même que la famille des grands quadrupèdes aquatiques, un odorat très-étendu et très-délicat. Ses naseaux sont placés très-bas, ses yeux sont fort petits pour sa taille, et il a une vue faible, que le grand jour offusque ; aussi est-il à demi nocturne, car il sort principalement pendant la nuit pour aller paltre ; il se tient dans les roseaux épais et les lieux ombragés pendant le jour (Job 40.16-17). Son ouïe est assez fine ; ses oreilles ressemblent à celles du cochon ; sa tête est aplatie en dessus ; tout son corps est très-gros, rond, renflé ; son ventre pend jusqu’à terre. Ses jambes sont massives, épaisses, et portent quatre sabots ou quatre doigts à chaque pied. La sole des pieds forme une semelle épaisse. Le cuir de ces animaux est extrêmement coriace, épais… On le perce difficilement, et la halle du chasseur y pénètre peu… Lorsqu’il est sec, il forme un bouclier impénétrable. Il est nu partout, et ne porte que quelques soies fort rares. La queue, longue d’un pied, épaisse, aplatie, est garnie de soies rudes et clair-semées.…Ces animaux ont des os extrêmement durs, et Job les comparaît jadis à des tuyaux d’airain. Les hippopotames de Zerenghi étaient longs de onze pieds, avaient dix pieds de circonférence, et quatre pieds et demi de hauteur… Leur nourriture est toujours composée de végétaux, comme Gordon s’en est assuré… Leur chair est très-grasse, comme celle des cochons ; le pied ou la queue rôtis sont des morceaux délicats ; leur lard est très-estimé… On en retire jusqu’à deux mille livres d’un seul individu ; car un hippopotame pèse ordinairement cinq à six milliers. Quelques individus ont jusqu’à quinze pieds de longueur et sept de hauteur.
Quoique les hippopotames ne vivent que de végétaux et que leur estomac ait plusieurs poches ou dilatations, ils ne ruminent pas. Les mâles paraissent jaloux entre eux, et se battent sur terre avec fureur pour les femelles ; ils se donnent de si terribles coups de dents, qu’ils se les brisent souvent… Les hippopotames nagent très-bien ; ils aiment à se vautrer dans la fange quand ils sortent des fleuves, de même que les rhinocéros et les éléphants.
…Le naturel de l’hippopotame est pacifique, doux et même timide ; ses habitudes sont brutes et grossières, comme celles des cochons et des rhinocéros. Lorsqu’on l’irrite, il devient furieux ; il renverse les barques et les met en pièces avec ses grosses dents ; il en rompt facilement les planches, les summerge, les enfonce dans les eaux ; mais il fait rarement du mal aux hommes, à moins qu’il n’y soit sollicité par quelque attaque. C’est plutôt un animal brute et stupide que méchant…
L’hippopotame a la vie fort dure, et on le tue difficilement. Il faut pour cela l’atteindre dans la tête ; car la dureté de la peau de sali dos amortit beaucoup les coups qu’on lui porte en toutes les parties qui sont couvertes d’une peau épaisse… Virey, Nouv. Dictionn d’histoire naturelle, tome 2 pages 8-12, passim.