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Dans son acception la plus générale, ce nom comprend tous les descendants de Lévi, fils de Jacob (Exode 6.25 ; Lévitique 25.32 ; Josué 3.3 ; Ézéchiel 44.15). Dans le sens plus restreint et aussi plus ordinaire, il sert à désigner tous ces descendants, moins la famille d’Aaron, qui était de la branche de Kehath, et spécialement destinée à la sacrificature, voir Prêtres (Nombres 3.6 ; 18.2). Il désigne donc, dans le premier cas, la tribu, pauvre et dépossédée en Israël, dans le second, la partie inférieure de la caste sacerdotale, la postérité de Guershon et de Merari, et celle de Kehath : Amram, Jitsehar, Hébron et Uziel (cf. Exode 6.16ss). C’est de ceux-là seulement que Dieu pouvait dire : « J’ai entièrement donné les lévites à Aaron » (Nombres 8.19 ; 18.6 ; 3.6). Ils étaient ainsi les serviteurs naturels du sanctuaire, les aides des prêtres et des sacrificateurs, obligés de les servir ou de les remplacer partout où la sainteté des cérémonies n’exigeait pas la présence exclusive du sacerdoce supérieur, comme l’exigeait le service de l’autel et de ce qui était au-dedans du voile. Dans le désert, ils devaient monter et démonter le tabernacle à chaque station (Nombres 1.51), couvrir et porter l’arche du témoignage et les vases sacrés (Nombres 4 ; Deutéronome 31.25 ; cf. 1 Samuel 6.15 ; 1 Chroniques 15.2-27 ; 2 Chroniques 5.4). Lorsqu’un centre plus stable eut été donné au culte, et que Jérusalem fut devenue le siège de la théocratie, ils furent chargés de la garde du temple et du soin d’en ouvrir et d’en fermer les portes (1 Chroniques 9.27 ; 23.32 ; 26.12), des vases sacrés et de leur entretien (1 Chroniques 9.28 ; 2 Chroniques 29.16), de la préparation des pains de proposition et des autres offrandes de farine pétrie (1 Chroniques 9.32 ; 23.29), du chant et des instruments de musique pour le service du temple (1 Chroniques 15.19 ; 23.5 ; 25.1 ; 2 Chroniques 5.12 ; 7.6 ; Esdras 3.10 ; Néhémie 12.27). Ils eurent, de concert avec les prêtres, la surveillance des trésors du temple et l’inspection des lépreux (Deutéronome 24.8 ; 1 Chroniques 26.20 ; 2 Chroniques 31.12 ; Néhémie 13.13) ; ils assistaient les prêtres dans le sacrifice et le dépouillement des victimes, dont ils recueillaient le sang (2 Chroniques 29.34 ; 30.17 ; 35.11) ; ils faisaient les collectes pour les réparations du temple, et dirigeaient les ouvriers dans les travaux de construction (2 Chroniques 34.9-12) ; ils devaient enfin pourvoir au bois du sacrifice, et faire respecter le jour du sabbat (Néhémie 10.34 ; 13.22). Cependant ils furent remplacés dans plusieurs de ces fonctions, et notamment dans les plus pénibles ou les plus abjectes, par les Gabaonites ou Néthiniens. Depuis les jours de David, plusieurs Lévites furent appelés aussi à remplir des fonctions publiques, judiciaires ou municipales (1 Chroniques 23.4 ; 2 Chroniques 19.11 ; cf. Deutéronome 17.9 ; 21.5), et le roi Josaphat paraît leur avoir confié l’enseignement religieux du peuple dans tout le pays (2 Chroniques 17.9).
Lorsqu’ils furent mis à part et solennellement consacrés au service du sanctuaire (Nombres 3.4), les Lévites n’avaient pas encore des fonctions aussi définitivement arrêtées qu’elles le devinrent par la suite ; ils étaient les serviteurs du tabernacle d’une manière générale, mais le temps seul pouvait régulariser leur activité ; ils ne prirent de consistance et de corps, ils ne s’organisèrent que sous David et Salomon. À cette époque, ils étaient 38000, dont a) 24000 servaient dans le temple, b) 6000 étaient prévôts et juges, c) 4000 portiers, et d) 4000 musiciens. Les premiers portaient par excellence le nom de lévites ; ils étaient, comme les prêtres, divisés en vingt-quatre clases, chacune ayant son chef, qui se relevaient tous les huit jours, entrant en semaine le jour du sabbat, et en sortant au sabbat suivant. Les lévites étaient appelés à servir depuis trente jusqu’à cinquante ans (Nombres 4.3-23, 30, 47 ; 1 Chroniques 23.3-2, il faut probablement lire trente au lieu de vingt, cf. Nombres 8.23-26) ; ce dernier passage fait commencer le service à l’âge de vingt-cinq ans, ce que l’on a essayé d’expliquer soit en admettant cinq années préparatoires (Rosenmuller), soit en supposant qu’au chapitre 4, il ne s’agit que du transport des pièces du tabernacle (Maïmonides), soit enfin (Kanne) en regardant le chapitre 4 comme parlant de ce qui doit se faire dans les besoins actuels du service, et le chapitre 8, comme prévoyant les besoins plus grands du peuple quand les douze tribus seront établies dans leurs territoires respectifs, disséminées et non plus groupées. Plus tard, quand les travaux des lévites furent devenus moins pénibles, et qu’ils n’eurent plus à porter le tabernacle et les ustensiles pour son service, ils entrèrent en fonction plus jeunes, et dans les derniers jours de David, ils sont dénombrés depuis l’âge de vingt ans (1 Chroniques 23.27 ; 2 Chroniques 31.17 ; cf. Esdras 3.8). On ne voit pas dans la loi que des défauts corporels les aient rendus inhabiles, comme cela avait lieu pour les prêtres, à remplir les fonctions de leur charge, et un seul motif de dispense aurait été, selon les Juifs, un vice dans l’organe de la voix.
Sur leur première consécration voir Nombres 8.6, et l’art. Lever.
La loi ne leur prescrivait pas un costume particulier, et les vêtements de fin lin dont ils sont revêtus (1 Chroniques 15.27 ; 2 Chroniques 5.12) ne sont pas mentionnés comme uniformes. Ce n’est que beaucoup plus tard, sous Agrippa II, six ans avant la ruine de Jérusalem, que les lévites musiciens, qui par leur présence habituelle dans le temple, et par la beauté de leur emploi, avaient plus que les autres gagné en considération, obtinrent la permission de porter la tunique de lin ; Josèphe, à ce sujet, fait remarquer qu’on n’avait jamais impunément abandonné les anciennes coutumes du pays.
Leurs revenus consistaient dans les dîmes de toutes les récoltes et les premiers-nés des troupeaux, que les Hébreux étaient tenus d’abandonner aux serviteurs du temple, mais les Lévites devaient eux-mêmes payer la dîme de cette dîme à la famille d’Aaron, aux sacrificateurs (Nombres 18.24-28 ; 2 Chroniques 31.4 ; Néhémie 10.37-38 ; 12.44 ; 13.10) ; ils avaient, en outre, leur part aux repas de dîmes qui se faisaient après les récoltes, et à d’autres repas d’actions de grâces (Dent. 14.29 ; 12.18 ; 16.14) ; même une fois on les voit participer au partage du butin, après la défaite des Madianites (Nombres 31.30). Il semble que ces dîmes aient dû leur assurer une assez grande aisance, mais d’un côté ils étaient nombreux, de l’autre, ils avaient des familles à entretenir ; en outre le paiement des dîmes et des prémices était laissé presque entièrement à la bonne volonté des propriétaires, il dépendait en grande partie de leur régularité à faire trois fois par an le voyage de Jérusalem, et souvent la négligence venait se joindre à la mauvaise volonté ; les choses étaient arrangées de telle sorte que les Lévites eussent besoin de l’estime et de l’affection de leurs concitoyens ; cette dépendance était à la fois un bien et un mal, mais elle existait, et si les sacrificateurs nous apparaissent en général comme étant dans une position plutôt riche que moyenne, les Lévites nous sont au contraire représentés comme pauvres, assimilés à la veuve, à l’étranger, à l’orphelin, presque recommandés à la charité des agriculteurs.
La loi leur avait encore donné en toute propriété quarante-huit villes ou villages, ou plutôt trente-cinq, car ils devaient en abandonner treize aux prêtres ; c’était en quelque sorte la dîme des villes ou des maisons, et dans un pays où chacun était agriculteur et propriétaire, et où l’on ne trouvait par conséquent pas d’appartements à louer, cette disposition de la loi était absolument nécessaire pour fournir des demeures à tous les membres de la tribu de Lévi : quand ils étaient de service à Jérusalem, ils habitaient les appartements réservés près du tabernacle et du temple, mais lorsqu’ils n’y étaient plus, ils devaient avoir un abri assuré pour eux et leurs familles (Nombres 35.1-5). Ces villes, avec un faubourg de mille ou deux mille coudées en dehors des murs, étaient dispersées sur le territoire de neuf tribus en deçà et au-delà du Jourdain ; Juda, Siméon et Benjamin n’avaient pas de villes lévitiques, mais les treize villes sacerdotales étaient renfermées dans leurs frontières. Il est sûr que cette dispersion dut influer avantageusement sur la culture et l’instruction religieuse des tribus ; quant au nom des villes (voir Josué 21.20ss), dix d’entre elles appartenaient aux Kehathites, treize aux Guershonites, et douze aux Merarites.
Les Lévites étaient, d’après Josèphe, dispensés du service militaire, et ils obtinrent aussi, des gouverneurs étrangers après l’exil, l’exemption des impôts et péages (Esdras 7.24).
Il est assez remarquable que le Deutéronome n’indique nulle part que les sacrificateurs dussent appartenir à une famille particulière de la race de Lévi, et même il semblerait (18.6), que le corps sacerdotal se composât et se recrutât de tous ceux des Lévites qui sentaient en eux-mêmes une vocation intérieure spéciale pour le service du sanctuaire ; ceux-là , comme véritables ministres de l’autel, avaient seuls le droit d’être nourris de l’autel, tandis que les autres Lévites, sans fonction, étaient simplement recommandés à la générosité des Israélites. Si c’est en effet ainsi que l’on doit entendre le passage indiqué du Deutéronome, il serait un premier pas vers une manière plus spirituelle de comprendre le sacerdoce, et l’on doit se rappeler que ce livre a été écrit environ quarante ans après la première institution, et qu’il a pu modifier déjà quelques-unes des lois, quelques-uns des principes existants. Toutefois la chose est incertaine, elle doit être examinée, mais ne peut se décider.