Cantiques des Maaloth Israël au milieu des Gentils 1 Cantique des pèlerinages. À l’Éternel, dans la détresse où j’étais, J’ai crié, et il m’a répondu. Les délivrances du passé.
Il m’a répondu . Avant d’exposer à Dieu sa triste. situation, le fidèle pense avec reconnaissance aux exaucements d’autrefois.
2 Éternel, arrache mon âme à la lèvre menteuse, À la langue perfide ! 2 à 4 Les calomniateurs
Arrache mon âme . L’hébreu hattsil est le mot propre pour signifier : arracher à une bête féroce sa proie (1 Samuel 17.35 ). La lèvre du menteur et la langue du calomniateur dévorent leur victime comme la gueule d’une bête féroce (Bovet). Le dernier verset du psaume précédent comparait Israël à une brebis perdue ; notre psalmiste voit cette brebis déjà livrée à la gueule du loup.
3 Que te donnera-t-il et qu’y ajoutera-t-il, Langue perfide ? Que te donnera-t-il…? S’adressant aux ennemis d’Israël, le psalmiste leur annonce le châtiment divin. Le pronom il désigne ici l’Éternel, comme l’indique l’expression : il donnera et il ajoutera , qui est une sorte de formule sacramentelle annonçant une rémunération divine ; cette rémunération comporte la plus grande mesure possible, soit de récompense, soit de châtiment (Ruth 1.17 ; 1 Samuel 3.17 ; 1 Rois 19.2 ; Luc 6.38 ).
4 Les flèches du guerrier, flèches acérées, Avec les charbons ardents du genêt. Les flèches…, les charbons… C’est ici la double réponse à la double question du verset précédent : Que donnera-t-il, qu’ajoutera-t-il ? Tel péché, tel châtiment. La langue est comparée parfois à une flèche (Psaumes 64.4 ), parfois à un feu (Proverbes 16.27 ) ; la langue trompeuse perce, elle sera percée ; elle brûle, elle sera brûlée. Les anciens jetaient sur les villes assiégées, pour les incendier, des flèches chargées de braises. Comparez Éphésiens 6.16 , la mention des traits enflammés du malin .
5 Que je suis malheureux de séjourner en Mésec, D’habiter parmi les tentes de Kédar ! 5 à 7 Les barbares
Le ton de la première strophe a été celui de la menace et du triomphe ; le psalmiste revient ici à la triste situation des Israélites entourés de populations hostiles. Remarquer ici l’emploi du procédé littéraire, fréquent dans les psaumes des Maaloth, qui consiste à reprendre l’expression saillante d’un verset, pour en faire le point de départ du versa suivant :
Que je suis malheureux d’habiter parmi… Mon âme en a assez d’habiter
Avec qui hait la paix , Je suis homme de paix …
Delitzsch a même cherché dans cette forme littéraire l’explication du terme de Maaloth (montées). La pensée s’élève comme de degré en degré vers son but. Mais ce genre de composition ne se trouve pourtant pas dans tous les psaumes des Maaloth ; il ne saurait par conséquent leur avoir donné leur nom.
Mésec (Caucase) : les représentants des barbares du nord.
Kédar (Arabie) désigne ceux du sud. Ces deux noms ensemble rappellent, soit au propre, soit au figuré, les peuples au milieu desquels sont dispersés un grand nombre d’Israélites.
6 Mon âme en a assez d’habiter Avec qui hait la paix ! 7 Je suis homme de paix, et, dès que je parle, Les voilà à la guerre. Je suis homme de paix . L’étranger haineux prête à l’Israélite paisible les dispositions hostiles qui l’animent lui-même ; avant même qu’il ait parlé (littéralement : Lorsque je vais parler ), on l’accuse déjà d’avoir dit du mal.
Ce psaume, avec sa menace et sa plainte, est resté l’expression des sentiments du peuple de Dieu vis-à-vis du monde idolâtre. Nous avons ici comme l’adieu menaçant jeté aux nations étrangères, dont les Juifs de la dispersion ont eu tant à souffrir, l’effort du sentiment national pour se dégager d’un entourage profane et pour s’élever à la rencontre du Dieu vivant.