Les derniers jours mauvais 1 Or, sache ceci, que dans les derniers jours il viendra des temps difficiles ; Chapitre 3
1 à 9 Les derniers jours mauvais et ce que les hommes seront alors
Dans le langage prophétique du Nouveau Testament, les derniers jours sont ceux qui précéderont le retour de Christ, et ils doivent être mauvais (1 Timothée 4.1 et suivants ; 2 Thessaloniciens 2.1 et suivants ; comparez Matthieu 24.11 ; Matthieu 24.12 ).
L’apôtre n’entend point cependant que chaque trait du sombre tableau moral qu’il va tracer soit applicable à tous les hommes ; Dieu a toujours son peuple sur la terre. Mais tous ces vices et ces péchés se sont vus à certaines époques, et se retrouveront encore parmi les hommes, et même il n’en est aucun que l’on ne puisse observer dans chaque génération. Seulement, le torrent du mal peut couler plus ou moins abondant (comparer Romains 1.30 ; Romains 1.31 ).
2 car les hommes seront égoïstes, avares, vains, orgueilleux, blasphémateurs, désobéissants à leurs parents, ingrats, profanes, 3 sans affection naturelle, sans fidélité, calomniateurs, incontinents, cruels, ennemis des gens de bien, 4 traîtres, emportés, enflés d’orgueil, aimant les voluptés plus que Dieu, Comparer 2 Timothée 3.1 , note.
Egoïstes , (2 Timothée 3.2 ) grec « amis d’eux-mêmes ».
Avares , grec « amis de l’argent ».
Vains , ou présomptueux, vantards.
Orgueilleux , s’élevant au-dessus des autres avec mépris.
Profanes , l’inverse de saints, immoraux.
Sans affection , (2 Timothée 3.3 ) la version ajoute naturelle, parce que le mot grec indique des rapports formés par la nature, comme ceux des enfants envers leurs parents.
Sans fidélité ; le mot grec signifie des hommes qui ne gardent point une alliance, un traité, une promesse.
Cruels , ou sans miséricorde, (Romains 1.31 ) qui ne pardonnent jamais
Ennemis des gens de bien , grec « des bons », ou ennemis du bien .
5 ayant l’apparence de la piété, mais en ayant renié la force. Éloigne-toi aussi de ces gens-là. Les apparences de la piété (grec : « ayant une forme de piété »), c’est la profession de l’Évangile, et tous les faux-semblants de religion que l’on peut vouloir se donner par des motifs intéressés, tout en en reniant la puissance , c’est-à-dire en fermant son cœur à la repentance, au renoncement, à la sanctification, que produit nécessairement la vraie piété dans les âmes sincères.
Ce trait, qui se retrouve à toutes les époques parmi les hommes, c’est l’hypocrisie ou le formalisme.
6 De ce nombre sont ceux qui s’introduisent dans les maisons, et qui captivent des femmes à l’esprit faible, chargées de péchés, possédées de diverses convoitises, Grec : « qui mènent en captivité des femmelettes ». Ce diminutif exprime du mépris : des femmes à l’esprit faible et borné .
Paul ne dit pas que ces hommes dont il parle se livrent à la souillure avec de telles femmes ; mais qu’ils captivent leurs esprits pour parvenir à leurs fins.
7 qui apprennent toujours, et qui ne peuvent jamais parvenir à la connaissance de la vérité. Ces paroles se rapportent aux femmes dont parle l’apôtre (2 Timothée 3.6 ) et non à ceux qui les captivent.
Ce nouveau trait du tableau se reproduit dans le monde à toutes les époques. Les sectes, ou les tendances d’une moralité douteuse, s’adressent de préférence à des femmes du caractère de celles que décrit l’apôtre, et qui, faibles d’esprit, sous l’empire de diverses passions, allient volontiers leurs voluptés aux apparences de la piété, apprennent sans cesse par un désir curieux de nouveautés, mais ne parviennent jamais à la connaissance de la vérité divine dont elles se soucient peu, parce que cette vérité leur imposerait avant tout la repentance (comparer 1 Timothée 5.11 et suivants).
Au reste, la sévérité de l’apôtre retombe particulièrement sur les faux docteurs qui sont les instruments de telles aberrations, soit par cupidité, (Marc 12.40 ; Marc 1.11 ) soit par d’autres motifs non moins coupables (comparer les deux versets suivants.).
8 Et comme Jannès et Jambrès résistèrent à Moïse, ceux-ci de même résistent à la vérité ; hommes corrompus d’entendement, et réprouvés quant à la foi. Le fait dont il s’agit ici est sans doute celui qui est rapporté en Exode 7.11 et suivants ; mais les noms de ces enchanteurs ne se trouvent pas dans l’Ancien Testament. Paul les cite d’après la tradition juive ; ils ont passé aussi dans le Talmud, avec divers détails sur ceux qui les portaient.
L’intention de cette comparaison réside dans le fait que les faux docteurs que Paul a en vue résistent à la vérité , en en imitant les formes et les dehors, comme les magiciens d’Égypte résistaient à Moïse en imitant ses miracles par des prodiges de mensonge. De là encore le jugement sévère qui suit.
Comparer sur ce terme : corrompu d’entendement 1 Timothée 6.5 ; 1 Timothée 1.15 ;
et sur réprouvé quant à la foi 1 Timothée 1.19 , qui en indique le sens et la cause.
Voir encore 1 Timothée 4.1 ; 1 Timothée 6.21 .
9 Mais ils ne feront pas de plus grands progrès ; car leur folie sera évidente pour tous, comme le fut aussi celle de ces hommes-là. Ces hommes cités à 2 Timothée 3.8 .
La pensée ici exprimée par l’apôtre, que ces séducteurs ne feront pas de plus grands progrès , paraît en contradiction avec 2 Timothée 3.13 , et avec 2 Timothée 2.16 .
Mais, s’il est vrai que ceux qui sont une fois devenus les esclaves de l’erreur et du péché avancent toujours plus dans cette voie, et cela par la nature même des choses, il arrive néanmoins un moment où le mal produit son propre remède et se corrige par ses excès mêmes, qui finissent par épouvanter ceux qui s’étaient laissé séduire.
C’est là l’espoir de l’apôtre : leur folie sera évidente pour tous . Souvent l’erreur d’un système s’est révélée par ses conséquences, aux yeux de ceux mêmes qui n’avaient pas été assez clairvoyants pour discerner la fausseté de ses principes.
Le règne de l’erreur et de la malice des hommes a ses bornes ; celui de la vérité et de la charité n’en a point d’autres que l’éternité. Le fidèle persévère dans l’amour de la vérité opprimée, et se console par l’espérance de son triomphe, en attendant les moments marqués par les desseins de Dieu. Toi, demeure ferme 10 Pour toi, tu as suivi mon enseignement, ma conduite, mon dessein, ma foi, ma longanimité, ma charité, ma patience, 10 à 17 toi, demeure ferme 11 mes persécutions, mes souffrances, qui me sont arrivées à Antioche, à Iconie et à Lystre ; quelles persécutions j’ai souffertes, et le Seigneur m’a délivré de toutes. Tu as suivi (2 Timothée 3.10 ) signifie : tu en as été témoin, tu y as pris part, et tu m’as imité dans toutes ces choses. Ces précieux souvenirs devaient être pour Timothée un puissant encouragement à persévérer dans la carrière, quelques sacrifices qui dussent encore lui être imposés ; car en dernière fin vient la délivrance .
De plus, tout ce qu’avait souffert l’apôtre était un sceau divin posé sur son ministère, et c’est aussi ce qui le distinguait absolument des faux docteurs dont il vient de parler.
Il ne rappelle ici que quelques traits des persécutions qu’il avait souffertes, à Antioche, (Actes 13.50 ) à Iconie, (Actes 14.5 ) à Lystre (Actes 14.19 ).
12 Mais aussi tous ceux qui veulent vivre selon la piété en Jésus-Christ seront persécutés. Marc 10.30 ; Jean 15.18-19 ; Jean 17.14 .
Pourquoi donc s’étonner de voir accomplir ce qui a été prédit par le Saint-Esprit même ? Le christianisme (la vie chrétienne) est-il autre chose que la participation et l’accomplissement des mystères de Jésus-Christ, souffrant sur la terre et mourant sur la croix ? Le combat que la chair livre à l’esprit, la mortification que l’esprit fait souffrir à la chair, la violence évangélique, (Matthieu 11.12 ) le renoncement continuel à soi-même, le support des contradictions, les calomnies, les calamités, etc., sont autant de persécutions inévitables à tout chrétien. Qui ne souffre rien en son propre corps ne doit pas manquer de souffrir dans celui de l’Église persécutée en tant de lieux, s’il l’aime, et est sensible à ses maux.
L’enfant de Dieu ne doit point rechercher la persécution , ni la provoquer par sa faute ; mais puisqu’il n’y a rien de changé dans ces deux puissances qui se trouvent toujours en présence comme deux adversaires : le monde et la vérité, les témoins de cette vérité doivent fortement suspecter leur fidélité, quand ils n’ont rien à souffrir de la part du monde.
13 Mais les hommes méchants et les imposteurs iront en empirant, séduisant, et étant séduits. Comparer 2 Timothée 3.9 , note.
Par ces mots : Mais les hommes méchants et imposteurs , l’apôtre revient à ceux dont il a parlé (2 Timothée 3.6 ; 2 Timothée 3.9 ) et qu’il met en opposition avec « ceux qui vivent selon la piété » (2 Timothée 3.12 ).
Cela est d’autant plus clair que le mot ici traduit par imposteurs signifie des magiciens , tels que ceux qu’il a rappelés
à 2 Timothée 3.8 .
Séduire et être séduit sont deux choses inséparables : tout séducteur est lui-même l’esclave du mensonge, et tout homme qui se laisse séduire ne tarde pas à exercer sur d’autres l’influence de son erreur. Effrayante et fatale puissance du mal !
14 Mais toi, demeure ferme dans les choses que tu as apprises, et qui t’ont été confiées, sachant de qui tu les as ; Ou « dont tu as été persuadé », ou encore : « à la foi desquelles tu as été amené ». Que l’on se décide pour l’une ou pour l’autre de ces significations, toujours faut-il y voir un premier argument de l’apôtre pour son exhortation : Demeure ferme ! D’autres arguments suivent jusqu’à 2 Timothée 3.17 .
Comparer 2 Timothée 3.10 . Paul rappelle donc à Timothée que c’est de lui qu’il a reçu l’Évangile, et il lui cite ce fait comme un second argument de son exhortation à demeurer ferme.
Sur quoi Calvin fait avec raison l’observation qui suit :
Il ne commande point à Timothée de retenir indifféremment toute doctrine qui lui a été transmise. Il n’autorise point tout homme privé à s’arroger le droit de faire considérer comme un oracle tout ce qu’il aurait enseigné. Mais il affirme avec confiance son autorité auprès de Timothée, à qui il savait que sa vocation apostolique était connue.
Il faut remarquer pourtant qu’une variante très autorisée, mais non décisive, porte ce mot de qui au pluriel : « desquelles personnes » Si elle est authentique, Paul ferait allusion à la mère et à l’aïeule de Timothée., (2 Timothée 1.5 ) et le verset suivant rend cette pensée très probable.
15 et que dès ta tendre enfance tu connais les saintes lettres, qui peuvent te rendre sage pour le salut, par la foi qui est en Jésus-Christ. Comparer 2 Timothée 1.5 , note.
Les saintes lettres , c’est-à-dire les Écritures de l’Ancien Testament, l’ont préparé à la foi en Jésus-Christ , et c’est l’un et l’autre choses réunies qui rendent sage pour le salut .
Cette connaissance des Écritures dès son enfance , doit être pour Timothée une troisième raison de fermeté dans sa foi, et c’est dans cette pensée que l’apôtre va proclamer bien haut l’autorité et la sainte utilité des Écritures (2 Timothée 3.16 ; 2 Timothée 3.17 ).
16 Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice ; Le mot Écriture étant ici employé sans article, et la phrase sans verbe, il règne quelque obscurité, non sur la pensée de l’apôtre, mais sur la construction grammaticale.
On peut traduire ces paroles, et on les a traduites en effet, de trois manières différentes :
« Toute Écriture (est) inspirée de Dieu et utile », et c’est là la version la plus littérale et le sens qu’adoptent les exégètes les plus compétents, à quelque opinion dogmatique qu’ils appartiennent.
« Toute l’Écriture (est) inspirée… » Cette version est difficile à justifier grammaticalement, et elle ajoute (par l’article) à la pensée apostolique un sens précis qu’elle n’a pas.
« Toute Écriture inspirée de Dieu (est) aussi utile… » Cette traduction est peu naturelle ; elle est rejetée par les meilleurs interprètes, et soutenue par d’autres qui insinuent par là que telle Écriture est seule inspirée et dès lors utile, tandis que telle autre ne serait ni inspirée ni utile. Ou du moins cette manière de construire et de traduire fait porter la pensée de l’apôtre sur l’utilité de l’Écriture plutôt que sur son inspiration. À quoi bon ? elle n’est utile que parce qu’elle est inspirée.
Nous adoptons donc la première version. Ces mots : toute Écriture ne peuvent laisser le moindre doute dans l’esprit, car l’apôtre ne fait que reprendre ainsi, en d’autres termes, l’idée qu’il vient d’exprimer, (2 Timothée 3.15 ) en rappelant à son disciple qu’il a dès son enfance la connaissance des saintes lettres , c’est-à-dire des saintes Écritures, prises toutes ensemble. Et notre verset 2 Timothée 3.16 n’a d’autre but que de proclamer la vérité, l’autorité et l’utilité de ces saintes Écritures.
Le mot theopneustos (composé de theos , Dieu, et de pneuma , Esprit, d’où théopneustie) ne se trouve qu’ici dans le Nouveau Testament. Il signifie que l’Écriture est, dans son ensemble, pénétrée de l’Esprit de Dieu.
Le meilleur commentaire de cette parole se trouve dans 2 Pierre 1.21 « Les saints hommes de Dieu, portés par l’Esprit-Saint, ont parlé ». L’apôtre Paul se contente d’exprimer clairement ce grand fait qui est la base et la garantie de toutes les révélations divines. Mais il n’expose ni ne justifie aucun système humain sur le mode, la nature, l’étendue de l’inspiration, non plus que sur la part de Dieu et la part de l’homme dans la composition des Écritures. L’exégèse ne peut aller plus loin ; tout le reste appartient à la dogmatique.
17 afin que l’homme de Dieu soit accompli, et parfaitement propre pour toute bonne œuvre. Utile , dit l’apôtre littéralement traduit, pour l’enseignement (et ici il entend bien toute l’Écriture , Romains 15.4 ), pour la répréhension (ou l’action de convaincre, ainsi « convaincre de péché », Jean 16.8 ), pour le redressement (ou correction), pour l’instruction qui est dans la justice (la justice pratique, la sainteté).
Et de cette manière l’homme de Dieu (1 Timothée 6.11 , note) arrive à être accompli et entièrement formé pour toute bonne œuvre (trad. littérale), c’est-à-dire que toute la sanctification de l’homme a lieu par le moyen de l’Écriture.
Ces paroles tranchent dans un sens affirmatif la grande question, si souvent débattue, de l’entière suffisance de l’Écriture pour amener l’homme au salut (2 Timothée 3.15 ). On sait que le protestantisme l’affirme et que le catholicisme le nie.
Mais ici l’on élève une objection : quand Paul parle de l’Écriture, il entend par là l’Ancien Testament. Comment, dans ce cas, peut-on dire que l’Écriture rend l’homme entièrement accompli ? Car, s’il en est ainsi, tout ce que les apôtres y on ajouté paraît superflu. Je réponds : quant à la substance, rien n’a été ajouté. En effet, les écrits des apôtres ne contiennent pas autre chose que l’explication vraie et pure de la loi et des prophètes, avec l’accomplissement des choses qu’ils avaient annoncées. Ce n’est donc pas à tort que Paul a honoré l’Écriture de cet éloge, et si aujourd’hui elle est plus complète et plus riche par l’accession de l’Évangile, qu’y a-t-il à dire, sinon à espérer avec certitude que son utilité, proclamée par l’apôtre, se montrera plus évidente encore, pourvu qu’il nous plaise de la voir et d’en faire l’expérience ?