La promesse du salut 1 Reviens, Israël, à l’Éternel, ton Dieu, car tu es tombé par ton iniquité. 2 Prenez avec vous des paroles, et retournez à l’Éternel ; dites-lui : Ôte toute iniquité, agrée qu’en retour nous t’offrions au lieu de taureaux les paroles de nos lèvres ! Prenez des paroles : comme on fait d’un présent qu’on offre à un roi. Ce sont des paroles d’humiliation et de reconnaissance, comme il ressort de ce qui suit.
Dites-lui , Dieu dicte d’avance les paroles qu’Israël doit lui apporter, comme pour lui indiquer les sentiments du cœur qui le rendront agréable à ses yeux.
Ôte toute l’iniquité : ôter l’iniquité signifie à la fois la pardonner et la détruire. En reconnaissance de ce bienfait, Israël promet d’offrir en guise d’holocaustes (taureaux ) des actions de grâce ; littéralement : Nous t’offrirons en retour pour taureaux nos lèvres .
3 Assur ne nous sauvera pas, nous ne monterons pas sur des chevaux et nous ne dirons plus : notre dieu, à l’ouvrage de nos mains ; car en toi l’orphelin trouve compassion. L’action de grâce future par laquelle Israël pardonné et purifié glorifiera Dieu est mise d’avance dans sa bouche. Israël renonce définitivement à tous ses anciens appuis charnels :
à la protection de l’Assyrie
à sa propre force militaire (les chevaux ) ; peut-être le prophète pense-t-il ici au secours de l’Égypte d’où Israël tirait ses chevaux et avec laquelle il faisait alliance contre Assur (Osée 7.11 ) ; comparez Psaumes 33.16-17 ; Ésaïe 31.1 ; Ésaïe 31.3
au secours qu’il demandait aux idoles.
L’orphelin , type du faible abandonné, par conséquent de la détresse désespérée où Israël se trouvera, une fois le châtiment consommé.
4 Je guérirai leur infidélité, je les aimerai de bon cœur, car ma colère s’est retirée d’eux. Je guérirai leur infidélité : cette infidélité que le prophète avait décrite, dans les trois premiers chapitres, sous l’image de la conduite d’une femme dégradée, qu’Osée ne pouvait épouser que par obéissance et par devoir, mais avec dégoût. Tel était le sentiment du Seigneur envers son peuple infidèle.
De bon cœur , non plus seulement par devoir ou par pitié, mais par véritable amour. Israël complètement purifié n’aura plus rien de repoussant pour la sainteté divine elle-même.
5 Je serai comme la rosée pour Israël : il s’épanouira comme le lis, il poussera ses racines comme le Liban. 5 à 8
Dans ces versets la beauté d’Israël restauré est décrite sous l’image de celle d’un arbre prospère : l’arrosement divin ; la beauté glorieuse ; les solides racines ; les rejetons nombreux ; le fruit savoureux ; le parfum exquis, l’ombre délicieuse ; la fleur admirable ; la réputation étendue.
La rosée , par opposition au vent desséchant de Osée 13.15 , image de la bénédiction divine, source de toute cette prospérité.
Le lis , symbole de la pureté qui remplacera la corruption.
Ses racines comme le Liban . Il est parlé plus d’une fois dans les prophètes des racines des montagnes, qui sont censées pénétrer profondément dans la terre. C’est donc la solidité du bonheur final d’Éphraïm qui est représentée par ce trait.
6 Ses rejetons s’étendront, et sa gloire sera comme celle de l’olivier, et son parfum comme celui du Liban. La gloire de l’olivier . Cette gloire consiste dans l’excellence de son fruit, précieux par l’huile qui en découle.
Le parfum du Liban : le parfum vivifiant qui s’exhale de la riche végétation qui couvre ses pentes.
7 Ceux qui habiteront à son ombre feront revivre le froment, ils fleuriront comme la vigne ; son nom sera comme le vin du Liban. Son ombre : la protection d’Éphraïm comparé à l’arbre. En tant que peuple, il abrite chacun des individus qui le composent.
Son nom … Son nom prononcé réjouira, comme le vin exquis du Liban. Ce dernier trait est le résultat de tous les précédents ; c’est le pendant du premier, la rosée du ciel, qui est la source de toutes ces perfections particulières. À trois reprises, à partir du verset 6 , le Liban sert de point de comparaison aux bénédictions que Dieu réserve à son peuple. Les splendeurs de cette chaîne qui borne au nord la Terre Sainte, sont aux yeux du prophète le type des magnificences du règne de Dieu accompli en Israël. On sent qu’Osée vit dans le royaume du nord.
8 Éphraïm… qu’aurait-il encore à faire des idoles ? C’est moi qui lui ai répondu, qui l’ai regardé ; je suis comme un cyprès verdoyant : de moi procède ton fruit. Éphraïm,… idoles . Dieu lui suffit pleinement ; désormais, il n’a plus rien à demander à ses anciens faux dieux.
Qu’aurait-il… littéralement : que m’ a-t-il encore à faire avec les idoles ?
C’est moi qui… : Les idoles, qui n’ont ni bouche, ni yeux, ni bras, ne pouvaient ni lui répondre, ni le suivre du regard (Psaumes 115.4-8 ). En opposition à ces divinités impuissantes et mortes, semblables à des arbres desséchés, Dieu se compare à l’arbre le plus vivace, le cyprès, qui ne perd jamais sa verdure et qui rappelle l’arbre de vie. Qu’Éphraïm reste uni à lui, et il ne cessera jamais de mériter son nom : double fécondité .
9 Qui est sage ? Qu’il comprenne ces choses ! Et intelligent ? Qu’il les reconnaisse ! Car les voies de l’Éternel sont droites ; les justes y marcheront, mais les infidèles y tomberont. Le sentiment qui, après de si magnifiques promesses, inspire au prophète cette conclusion sérieuse et même menaçante, est sans doute celui de la résistance obstinée que la plus grande partie d’Israël opposera jusqu’à la fin à ses reproches, à ses invitations. Il voit ce malheureux peuple se priver par là, dans une grande partie de ses membres, du salut qu’il vient de lui promettre à la condition de son retour à l’Éternel. Cette conclusion a quelque analogie avec celle d’Ésaïe 66.24 .
Les voies de l’Éternel sont droites . Ces voies sont ses commandements d’une sainteté parfaite qui conduisent droit à la vie, ses plans admirablement tracés pour le bonheur de son peuple, ses dispensations et ses jugements d’une parfaite sagesse en vue de son éducation morale ; comparez Romains 11.33 . Le juste qui s’y conforme marchera ainsi sûrement jusqu’au terme glorieux qui vient d’être décrit ; le rebelle, au contraire, se heurtera à toutes ces manifestations divines et tombera de manière à rester gisant sur la voie. C’est ainsi que saint Paul dit de l’Évangile qu’il est à la fois un parfum vivifiant pour les sauvés et un parfum mortel pour ceux qui périssent 1 Corinthiens 2.15-16 ; comparez Ésaïe 8.14-15 .
Conclusion
Nous avons déjà fait remarquer dans l’introduction que le livre d’Osée ne s’occupe pas de la personne du Messie. Le prophète semble absorbé par la vue de l’état misérable dans lequel le peuple est plongé et des malheurs qui l’attendent. L’unique pensée qui lui reste à côté de celle-là, est celle de la transformation qu’un miracle de grâce opérera chez lui, quand un mouvement sérieux de repentance l’aura amené enfin aux pieds de son Dieu. Cet avenir saint et glorieux des derniers jours est le côté messianique de ce livre. Peut-être la séparation des dix tribus d’avec la famille royale de Juda a-t-elle contribué au silence du prophète sur la personne glorieuse du futur fils de David. Il y a cependant un passage dans lequel cette intuition semble tout près d’éclore ; c’est Osée 3.5 .
Mais quel peut être l’accomplissement des promesses faites, en particulier dans le chapitre 14, aux Israélites des dix tribus ? Ce peuple emmené, en captivité ne s’est-il pas fondu dès longtemps avec les nations asiatiques parmi lesquelles il a été transporté par le conquérant assyrien ? Il est vrai, mais le chapitre 14 semble placé là pour nous donner la clef de ce problème. Les promesses de Dieu sont conditionnelles, non en elles-mêmes (Romains 11.29 ), elles se réaliseront toujours, mais quant aux individus en qui elles s’accomplissent. Osée fait pressentir (Osée 14.9 ) qu’une partie du peuple se rendra décidément indigne des grâces promises. Ce sont ceux d’entre les Israélites qui, païens déjà sur la terre d’Israël, le deviendront tout à fait, une fois transportés au milieu des Gentils. Mais il fait comprendre aussi que certains membres de ce peuple s’attacheront fidèlement à Dieu et participeront finalement à son règne. Ce furent premièrement les membres du peuple des dix tribus qui continuèrent à peupler la Galilée depuis la ruine et qui, au temps du Messie, formèrent le noyau de l’Église. Puis ce furent aussi ceux qui, après avoir subi la captivité, prirent part sous Zorobabel à la restauration du peuple et du culte de Jéhova. Ces membres du peuple des dix tribus se retrouvèrent ainsi sur la ligne des bénédictions divines et eurent part à la venue du règne messianique. Ainsi commença à s’accomplir la réunion d’Éphraïm et de Juda en un seul peuple, prédite par Osée, plus tard par Jérémie et par Ézéchiel, et consommée dans l’Église du Christ, le fils de David.